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Nous avons rencontré un homme déterminé. Très déterminé. Peut-être un peu trop.
Nom : Frère Nestor Malibubu
Futur titre rêvé : Pasteur-Prophète-Archibishop-Apôtre-Major-Capital.
Mission divine (autoproclamée) : “Je vais enfin être quelqu’un.”
Avertissement spirituel : cet article est à prendre au 36ᵉ degré. Toute ressemblance avec des ambitions charnelles réellement existantes est tristement non fortuite.
Recueilli par – notre reporter du Canard Chréti..n, inspiré mais fatigué, Frère Jean-Buvard
Le Canard Chrét..n : Bonjour Frère Nestor ; Dites-nous, pourquoi voulez-vous devenir Pasteur ?
Frère Nestor (en croisant les bras comme un chef militaire) :
Ah mon frère, j’ai trop souffert dans cette vie. Chaque fois que je parle, même dans les réunions de famille, on me dit de me taire, que je raconte n’importe quoi. Mais dès que tu es Pasteur, personne n’ose te couper ! Même quand tu dis “Dieu m’a dit de mettre une girafe sur le toit de l’église”, tout le monde dit “Amen, gloire à Dieu”.
Je veux cette onction d’autorité ! Et puis… quand tu es devant avec un micro, tu peux parler pendant 2h, c’est légal. À la maison, si je parle 10 minutes, ma femme me jette une pantoufle.
Et votre femme, justement ? Que pense-t-elle de ce projet ?
Frère Nestor (en ricanant) :
Justement ! Elle me respecte pas. Mais Pasteur Nestor Malibubu, ça sonne comme une gifle d’autorité dans les oreilles rebelles ! Elle saura enfin que je suis “quelqu’un”. Elle va m’appeler “Homme de Dieu”, au lieu de “homme de rien”.
Et même si elle me respecte pas… je sens que Dieu va m’envoyer ma vraie femme de destinée, une sœur intercesseuse douce comme les chants de Dena Mwana.
Mais… avez-vous reçu l’appel pour être pasteur ?
Frère Nestor (sérieux comme un évangéliste en fin de jeûne) :
Absolument. Un appel puissant ! Une sœur du quartier m’a appelé et m’a dit : “Frère Nestor, toi là, tu parles bien… surtout quand tu consoles les femmes en détresse.”
Et le Seigneur a confirmé à travers mon rêve : j’étais dans une piscine de dîmes, je flottais dessus, comme Moïse dans son berceau.
Et sinon, qu’est-ce qui vous attire dans le ministère pastoral ?
Frère Nestor (en comptant sur ses doigts) :
J’aurai accès à toutes les infos privées : “Confesse mon frère, Dieu me montre que tu as mangé les biscuits de ta sœur…”
- L’argent de l’église, évidemment. Faut pas faire semblant.
- Les fidèles viendront nettoyer chez moi. Adieu serpillère, bonjour serviteurs !
- Les gens m’appelleront “homme oint”, même si je sens juste l’huile de friture.
- Je vais voyager en première classe, même si c’est pour aller prêcher dans un hangar.
- Je pourrais virer les fidèles dont la tête ne me revient pas. Tu fais une remarque ? Feu sur toi !
On sent une certaine… soif de puissance spirituelle ?
Frère Nestor (lève les bras comme Moïse face à Pharaon) :
Mon frère… dans “Prophète”, y’a “Pro”, donc je serai un professionnel. Et “phète”, c’est pour ceux qui ne peuvent plus rien faire dans la vie, ils fêtent leur recyclage dans le ministère !
Et puis qui peut te corriger ? Quand t’es un vrai leader, tu dis “ne touchez pas à l’oint de l’Éternel”, même quand tu as volé l’argent des offrandes et que tu conduis une Tesla prophétique.
Vous ne craignez pas la responsabilité spirituelle ?
Frère Nestor (d’un air perplexe) :
Franchement ? Je crois que ça viendra avec l’onction. Et si je fais des erreurs, les gens vont dire “N’oubliez pas que le Pasteur est aussi un homme !”
Donc j’ai déjà ma phrase d’excuse prête. C’est comme une immunité parlementaire mais version gospel.
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Frère Nestor (le regard vers le ciel, ou vers la caméra, on ne sait plus trop)
J’appelle toutes les personnes comme moi… incomprises, humiliées, sans avenir stable… Rejoignez le Ministère ! C’est la dernière voie royale pour briller sans diplôme !
Et s’il y a des filles spirituelles dans la salle, que Dieu vous touche, car moi je suis déjà “touchable”.
Ah, j’ai oublié : donnez, et il vous sera donné… surtout à moi.
MORALE (mais pas trop moralisante)
Nous avons ri, mais si vous avez reconnu quelqu’un dans ce portrait… faites-lui discrètement lire cet article.
Et s’il rit trop fort… il est peut-être concerné.
Car non, le pastorat n’est pas un recyclage pour égos cabossés, ni un refuge pour carrières ratées.
C’est un appel, pas une reconversion stratégique.
Et Dieu ne recrute pas selon les frustrations, mais selon la foi, l’humilité, et la vocation.
Le Canard Chrét..n
“La satire oint l’absurde pour en faire une offrande de bon sens.”