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Scripto-chréti..n – Par Diaconesse Eusèbe Moundélé, Présidente du Comité Central des Offrandes en Nature (ignames et arachides)
Mesdames et messieurs, bienvenue dans la seule église où Jésus a dit.: « Je suis le chemin », mais le diacre a rajouté : « …et le chemin passe obligatoirement par la coutume du village, sinon on ne valide pas ton baptême ! »
Vous voyez, dans certaines églises, on ne parle pas de la culture du Royaume des Cieux, non. Ici, c’est plutôt le Royaume de Tante Berthe. Et si Tante Berthe a dit : « Chez nous, une femme ne parle pas quand un homme a parlé », même si l’homme a dit que la lune est en carton, eh bien tout le monde répond : « Amen, gloire à Dieu, carton solide ! »
Le comité des mariages mixtes
Cas pratique : tu rencontres l’amour de ta vie. Tu pries, tu jeûnes, tu vois même un ange en vision. L’ange descend avec des plumes fluos, il te confirme : « C’est lui, mon fils. »
Mais le pasteur de ton assemblée dit :
– Oui, mais il est Éwé, toi tu es Bamiléké. Est-ce que dans ton village on marie les Éwé ?
– Euh… Jésus a dit : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec. »
– Oui, mais chez nous c’est : « Il n’y a plus ni Grec ni Juif, sauf quand il s’agit de dot. »
Résultat ? Ton mariage est reporté jusqu’à nouvel ordre, le temps qu’on consulte les ancêtres… pardon, les oncles maternels.
La chaire des anciens… très anciens
Dans certaines églises, l’autorité spirituelle, c’est simple : c’est l’âge sur ta carte d’identité. Tu peux connaître la Bible par cœur, en hébreu, en grec et même en créole haïtien… mais si tu n’as pas encore dépassé 45 ans, tu n’as pas le droit de donner ton avis.
Un ancien a dit dimanche :
– Frères, Moïse a ouvert la Mer Rouge avec une pagaie !
Toi tu oses corriger :
– Non, c’était le bâton…
Réponse immédiate :
– Chut ! Tu as quel âge ? 28 ans ? Moi j’ai 63 ans. Chez nous, on respecte les cheveux blancs, même si ce sont des mèches brésiliennes !
Ministère des uniformes liturgiques
Autre cas : la chorale. Normalement, l’Esprit Saint descend quand on chante. Mais ici, il ne descend que si tu as le pagne officiel de la chorale, édition 1997, avec le logo de l’église brodé en fil d’or. Tu viens avec un jean et un T-shirt ? On te regarde comme si tu avais commis le péché contre le Saint-Esprit.
Un frère a témoigné :
– Moi j’ai raté le salut à cause d’un complet vestimentaire. Je n’avais pas la cravate verte obligatoire… on m’a dit : « Dieu t’aime, mais sans cravate, tu n’iras pas loin. »
Et les visiteurs dans tout ça ?
Le plus drôle (enfin, façon de parler), c’est quand un visiteur de l’extérieur débarque, plein d’enthousiasme.
Il se dit : « Je vais découvrir la culture du Royaume. »
Mais à peine entré, il tombe sur trois tambours, deux dialectes, et une sœur qui l’accueille chaleureusement en lui parlant vingt minutes… dans une langue qu’il ne comprend pas.
À la fin du culte, le pauvre visiteur se dit : « Seigneur, j’étais venu pour goûter au Ciel… mais je crois que j’ai atterri dans une réunion de village sponsorisée par la religion. »
Résultat ? Beaucoup ne reviennent même pas. Ils cherchent la lumière du Royaume, mais trouvent surtout la lampe-tempête de la tradition.
Liturgie façon village
Et puis il y a les cultes spéciaux. Normalement, culte d’adoration = chants, prières, parole. Mais chez nous, on rajoute :
La danse obligatoire du village (si tu rates un pas, tu es rétrogradé au comité des chaises).
Le concours de la plus grosse offrande avec commentaire en direct : « La sœur Monique a donné 50 €, qui dit mieux ? »
Le moment « consultation du doyen », où un vieux du village explique que le vrai baptême, c’est quand on t’immerge dans la rivière où lui-même a nagé en 1964.
Conclusion provisoire (parce qu’ici rien n’est jamais conclu)
En fait, parfois nos églises ressemblent moins au Royaume de Dieu qu’à une réunion de village avec sono.
Et si tu oses demander : « Mais où est la culture du Royaume ? »
On te répond toujours : « Chut, chez nous c’est comme ça. »
Alors que le vrai slogan devrait être :
« Chez Dieu, c’est autrement. »
